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Abstract :
[en] Le locus de contrôle renvoie à la croyance selon laquelle un évènement dépend de facteurs externes ou internes (Bruchon-Schweitzer, 2002). Nombre d’études ont permis d’étudier les relations entre locus perçu et stratégies de coping face au chômage (Wanberg, 1997), stratégies de recherche d’emploi (Kanfer, Wanberg, & Kantrowitz, 2001) ou durée du chômage. Si de nombreuses échelles générales (Rotter, 1966) ou plus spécifiques (Furnham & Steele, 1993) existent, aucune n’est particulièrement appropriée aux demandeurs d’emploi. Or l’utilisation d’échelles spécifiques de locus présente deux avantages : 1) la prise en compte d’un contexte particulier pour l’évaluation de ce concept dépassant une mesure générale de ce trait de personnalité (Furnham & Steele, 1993) et 2) une validité prédictive meilleure lorsqu’elle est contextualisée (Wang, Bowling, & Eschleman, 2010).
Nous proposons d’adapter, à la situation de chômage, les échelles MLCH (Multidimensional Locus of Control Health Scales ; Wallston, Wallston, & DeVellis, 1978) permettant de distinguer 3 dimensions : le locus interne et deux types de locus externes (renvoyant à la chance ou à des personnages tout-puissants). Ce choix est justifié par la longueur restreinte, les qualités psychométriques et la structure tridimensionnelle simple de l’échelle originale. Les items ont été rédigés en français puis modifiés sur les trois dimensions concernant les croyances de contrôle sur la situation de chômage, le processus de recherche d’emploi et les résultats de la recherche d’emploi.
Cette nouvelle échelle a été testée une première fois auprès de 226 hommes et 158 femmes vivant au Luxembourg et nouvellement inscrits comme demandeurs d’emploi, et une seconde fois auprès de 97 d’entre eux, 6 mois après.
Les trois sous-échelles montrent une consistance interne acceptable (alpha de 0.60; 0.68 et 0.57) proche de celle des outils précédemment élaborés. Si ces indicateurs semblent a priori faibles, ils correspondent aux limites statistiques de ce type d’analyses et à ce type de données (nombres d’items et niveau de mesure ordinale ; Eisinga, Grotenhuis & Pelzer, 2013). Néanmoins, pour dépasser ces apparentes limitations, des analyses statistiques plus sophistiquées et mieux adaptées à ce type de mesures ont été réalisées selon la Théorie de Réponses à l’Item. Elles confirment l’ajustement des items sur chacune des trois dimensions latentes de locus. Enfin, une analyse structurale confirmatoire (Mplus 7.3) a permis de confirmer la structure de l’échelle et de contrôler l’ajustement du modèle théorique aux données empiriques selon les normes acceptées pour ce type d’analyse (Kline, 2011).
L’outil a été utilisé dans deux projets financés par le Fond National de la Recherche Luxembourgeois. Les résultats montrent que les mesures de locus ne sont pas influencées par la période de chômage (pas de modification individuelle après 6 mois) mais permettent, avec d’autres dimensions psychologiques, d’estimer le risque de devenir chômeur de longue durée (Houssemand, Pignault & Meyers, 2014) et de décrire la représentation individuelle de la situation de chômage (Pignault & Houssemand, 2013). Ainsi, cette nouvelle échelle, spécifique au chômage, possède une bonne validité prédictive du potentiel retour vers l’emploi.
La communication sera l’occasion de présenter la validation et la structure de l’échelle de locus et de discuter notamment des liens entre le locus de contrôle des chômeurs et le retour au travail.