Abstract :
[fr] Avec le numérique, le rôle des reproductions d’œuvres d’art est devenu capital : autant dans les pratiques scientifiques, qui étudient l’art de manière digitale, que dans les pratiques muséales, qui investissent massivement dans leur accès en ligne. Dans ce contexte, cet article propose de formuler le problème du rapport entre une œuvre expérimentée in situ et une œuvre connue par visualisation sur écran. Du moins, voudrait-il établir quelques éléments d’un tel problème, apparemment peu abordé. À partir d’une série de cas d’études concrets (notamment les œuvres exposées de Gustave Courbet), il essaye d’expliquer certains points faibles dans les tendances actuelles de la numérisation : d’ordre esthétique, historico-artistique, pédagogique et surtout sémiotique. Le risque majeur, en effet, est de fixer l’œuvre qui a été numérisée en cette seule version : d’oublier ou de négliger qu’il s’agit précisément d’une interprétation possible – et pas forcément la plus appropriée – de ce qu’on peut voir dans l’œuvre même. L’article illustre ainsi les biais (les limites sérieuses dans les cas abordés de Gustave Courbet) d’une approche tributaire de la réduction de l’œuvre à sa numérisation, tout en suggérant par ricochet les atouts d’une approche autre.
[en] With the advent of digital technology, the role of reproductions of works of art has become crucial: both in scientific practices, which study art digitally, and in museum practices, which invest massively in online access. In this context, this article proposes to formulate the problem of the relationship between a work experienced in situ and a work known through visualization on screen. At the very least, it aims to establish some elements of such a problem, which seems to have been little addressed. Drawing on a series of concrete case studies (notably the exhibited works of Gustave Courbet), it attempts to show a set of weaknesses of the current trend towards digitization: aesthetic, historical-artistic, pedagogical and, above all, semiotic weaknesses. For the risk is to fix the digitized work in that single version: to forget or neglect that it is precisely a possible interpretation – and not necessarily the most appropriate one – of what can be seen in the work itself. The article thus illustrates the biases (in the case of Gustave Courbet, the serious limitations) of an approach dependent on the reduction of the work to its digitization, while also suggesting eventually the advantages of another approach.
Main work title :
Œuvres d’art et numérique : Collaborations, limites, apports mutuels à la connaissance et à la médiation
Editor :
Gil, Marc; Maître de conférence émérite, Histoire de l'Art du Moyen Âge
Hallot, Pierre; Professeur Ordinaire, Laboratoire DIVA, UR Art Archéologie Patrimoine, Université de Liège