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La présente contribution s’inscrit dans l’axe 1 de l’appel à communication. Elle vise l’étude d’un projet de résidence d’auteur en lycée au Luxembourg, conçu et observé en collaboration avec l’équipe enseignante du lycée et des chercheurs du SCRIPT, selon les principes de la recherche collaborative . L’attention sera portée à l’approche générique qui définit ce projet de résidence autour de la littérature documentaire, peu présente à l’école luxembourgeoise. En effet, l’auteur en résidence est le dramaturge luxembourgeois Ian De Toffoli, pour qui le genre du théâtre documentaire permet de mettre en forme sa vision de l’écriture, en lien avec un rapport parfois problématique avec son pays dont il a fait son « matériau littéraire ».
Sous le titre « L’écriture comme document/ation », le projet vise d’une part la familiarisation avec les littératures des terrains (Viart, 2019) et d’autre part la rencontre avec un auteur local, actif dans le champ littéraire contemporain. Alors que la littérature luxembourgeoise est très peu présente dans les programmes et pratiques, le projet s’attache aussi à interroger l’enseignement d’une littérature située, comme réflexion sur la littérature en tant qu’« instrument de culture » et « enjeu de de ce qui se crée autour de nous » (Klinkenberg, 1983, p.33-34).
Selon la conception des ateliers d’écritures créatives comme lieux de passages pour les élèves du « statut de lecteur à celui de scripteur, avec la prise d’initiative que cela comporte » (Biagioli, 2020, p. 295), il s’agira de voir à partir d’observations non participantes et de l’étude aussi bien de traces écrites que de questionnaires, comment les élèves répondent à cette forme particulière d’emprise littéraire du réel et sur le réel à partir de documents. Dans quelle mesure, l’investigation documentaire, en ce qu’elle allie confrontation à la réalité et échappée imaginaire, permet-elle un « rééquilibrage entre culture du commentaire et culture rhétorique » (Houdart-Merot, 2024, p.23) pour actualiser un rapport à la littérature à l’école au contact du « terrain » ?
Dans le même sens, l’étude se prolongera par le traitement des réponses d’élèves à un questionnaire portant sur un marathon de lecture organisé dans le cadre de la résidence. Une centaine de lycéen·nes se sont relayé·es pour lire intégralement à voix haute un conte écologique de l’auteur, toujours dans la veine documentaire, afin de donner leur voix à l’engagement sociétal et politique du texte. Comment cet « espace de l’échange, de l’adresse » que crée la lecture à voix haute, cette inscription « du texte dans une temporalité de la profération » (Le Goff, 2015) sont-ils reçus par les lycéen·es ?
La présente contribution se propose ainsi d’réinterroger, sous le prisme de ce dispositif résidentiel singulier, la tension inhérente à la forme scolaire entre disciplinarisation (de la matière littéraire) et disciplination (des élèves) (Hofstetter & Schneuwley, 2014). Dans quelle mesure, la médiation par le document/aire, facilite-elle l’accès au littéraire ? Le contact du « terrain » favorise-t-il l’émergence de sujets lecteurs et scripteurs comme acteurs et auteurs de leur appréhension du réel ?
Références bibliographiques
1. Houdart-Merot, Violaine, « Enseigner les contemporains : éclairage historique et enjeux », Le français aujourd'hui, vol. 224, no. 1, 2024, pp. 13-24.
2. Klinkenberg, Jean-Marie, « Mais enfin, faut-il vraiment l’enseigner, cette littérature belge? », Enjeux, 4, 1983, p. 27-34.
3. Le Goff, François, « Oraliser le texte de théâtre : présence du personnage », dans Olivier Dezutter & Eric. Falardeau (dirs.), Les Temps et les Lieux de la lecture, Namur, PUN (Diptyque), 2015, p. 183-195.
4. Hofstetter, Rita & Schneuwley, Bernard, « Disciplinarisation et disciplination consubstantiellement liées. Deux exemples prototypiques sous la loupe : Les sciences de l’éducation et les didactiques des disciplines », dans B. Engler (éd.), Disziplin – discipline, Fribourg, Academic Press, 2014, pp. 27-46.
5. Viart, Dominique , « Les littératures de terrain », Revue critique de fixxion française contemporaine, 18, 2019, en ligne : http://journals.openedition.org/fixxion/1275.