Quand la réinformation reconfigure les pratiques journalistiques. Une analyse comparative de trois pays francophones (Luxembourg, France et Canada)

La réinformation est une désinformation subtile non réfutable par une simple contre-information. Elle consiste en une utilisation manipulée de l’information et des faits.
La difficulté ? L’information manipulée en question peut être issue des médias professionnels et sourcée (Alloing, Vanderbiest, 2018). La manipulation est subtile : elle se joue dans la mise en forme de l’information. La réinformation est identifiable par les procédés du copier-coller-couper et du rapiècement de l’information (Lukasik, 2018). La réinformation se réclamant paradoxalement d’une démarche qui se veut journalistique (Stephan, Vauchez, 2019), on retrouve un vocabulaire médiatique entremêlant ligne éditoriale d’opinion et d’actualité (Blanc, 2018) au sein des pratiques réinformationnelles.La réinformation est difficilement décelable dans une temporalité courte des réseaux socionumériques. Elle constitue de nouveaux enjeux dans la diffusion des fake news à l’ère de la post-vérité. Elle doit être prise en considération à la fois par les publics mais surtout par les journalistes dont les contenus informationnels peuvent être repris à mauvais escient.
Il y a une nécessité d’interroger la reconfiguration des pratiques des professionnels de l’information à l’aune de la réinformation qui peinent à être identifiées : « comme une arène publique nécessitant et méritant une attention à part entière chez les journalistes » (Carlino et al., 2021).