Abstract :
[fr] Etudier les problèmes relatifs à la santé (usage de substances, état de santé, symptômes dépressifs, violence physique/verbale et abus sexuel subis, et implication dans la violence) des immigrés européens et non-européens et le rôle des difficultés socioéconomiques, relationnelles et scolaires. Les problèmes relatifs à la santé sont plus fréquents chez les immigrés européens et non-européens que les français. Ils sont fortement expliqués par les difficultés socioéconomiques, relationnelles et scolaires.
Contexte. Cette enquête transversale a été réalisée sur 1559 adolescents des collèges dans le nord-est de la France. Elle est basée sur un auto-questionnaire, rempli en classe sous la surveillance de l’équipe de recherche, concernant le sexe, l’âge, la nationalité, les caractéristiques socioéconomiques (structure familiale, faible éducation parentale (<bac), profession du père et revenu familial insuffisant), consommation durant les 30 derniers jours d’alcool, tabac, cannabis, drogues dures, faible performance scolaire (note moyenne du dernier trimestre < 10/20), mauvais état de santé et faibles relations sociales (échelle de qualité de vie de l’OMS, WHOOoL-Bref), symptômes dépressifs (mesure de Kandel, score>90ème percentile), violence physique/verbales subie, agression sexuelle subie, et implication dans la violence. Les données sont analysées par les modèles de régression logistiques.
Résultats. Les problèmes sont fréquents : usage d’alcool (35,2%), tabac (11,2%), cannabis (5,6)%, drogues dures (2,8%), mauvais état de santé (25,8%), symptômes dépressifs (13,3%), être victime de violence physique/verbale (16,2%) ou d’abus sexuel (3,7%) et implication dans la violence (14,6%). Comparés aux français, les immigrés ont un risque accru pour : usage de tabac (odds ratio ajusté sur le sexe et l’âge 2,04), cannabis (2,33), drogues dures (4,18), mauvais état de santé (1,89), violence subie (1,84) et implication dans la violence (1,77). Les situations socioéconomiques expliquaient respectivement 25%, 9%, 13%, 30%, 12% et 39% de ces risques. L’ajout de relations sociales et de la performance scolaire expliquait respectivement 43%, 20%, 29%, 53%, 24% et 61% des risques. Ces problèmes et les contributions des cofacteurs diffèrent beaucoup entre les immigrés européens et non-européens.
Conclusions. Les problèmes relatifs à la santé sont plus fréquents chez les immigrés européens et non-européens que les français. Ils sont fortement expliqués par les difficultés socioéconomiques, relationnelles et scolaires. La prévention pour leur intégration sociale devrait traiter ces problèmes.