Migrations féminines: dimensions économiques et socio-culturelles de la mobilité de femmes wodaabe du Niger

L’article est consacré aux activités commerciales qui conduisent les femmes wodaabe, nomades du Niger central, vers les métropoles de l’Afrique de l’ouest telles que Bamako ou Dakar. Le cas des Woodaabe est remarquable tout d’abord par le fait que les femmes sont plus mobiles que les hommes. Une autre particularité consiste dans le fait que les voyages et séjours urbains en question sont un phénomène collectif, les femmes voyageant en groupes relativement importants. L’article présente un système complexe de phénomènes de mobilité et cherche à montrer que les divers mouvements – nomadisme pastorale, voyages urbains saisonniers et migrations matrimoniales – sont liés tant sur le plan historico-culturel que socio-économique. D’une part, les voyages ‘modernes’ des Wodaabe s’inscrivent dans un modèle migratoire cyclique imposé par les migrations pastorales. D’autre part, ils résultent de l’indépendance sociale des femmes dans la société des Wodaabe qui se manifeste de la façon la plus frappante dans les migrations matrimoniales. Enfin, cet exemple montre dans quelle mesure les phénomènes de mobilité jouent sur les relations structurelles : la différenciation des modes de mobilité liées au genre est un facteur prégnant de la formation des institutions sociales comme le mariage, le foyer ou encore le lignage.