Pierre Nothomb, l'imaginaire lotharingien et la frontière belgo-allemande après 1945

Dans l’historiographie de la politique étrangère belge, Pierre Nothomb est resté comme le père spirituel des mouvements expansionnistes belges après les deux guerres mondiales. Que ce soit au Comité de Politique Nationale en 1918 ou au Comité Belge du Rhin en 1945, sa conviction d’une relation particulière entre la Belgique et la Rhénanie le conduit à formuler des projets d’annexion ou, du moins, d’extension de la zone d’influence belge sur des territoires situés sur la rive gauche du Rhin longeant la frontière. Membre de la commission sénatoriale des affaires étrangères, Nothomb devient dans l’après-guerre le principal opposant à la politique menée par Paul-Henri Spaak en matière de réparations économiques et territoriales qu’il juge trop hésitante et défensive. Mais Pierre Nothomb, c’est évidemment aussi le poète et écrivain dont l’œuvre allie fiction et considérations historiques (romantisées). Dès lors, interroger les liens éventuels entre engagement politique et production littéraire et éditorialiste s’avère être une entreprise prometteuse. Elle permet notamment de mettre en évidence un tournant dans la conception territoriale de Nothomb au début des années 1950, qui n’a pas souvent été souligné par l’historiographie.