[fr] Entre 1531 et 1555, Marie de Hongrie assure la représentation officielle de son frère, Charles Quint, dans les Pays-Bas habsbourgeois en véritable écho de son corps naturel et politique : « la seule presence de vostre personne pardelà mesme en ce temps, pourte grande auctorite et faveurs a mesdites affaires (…) ». Si la centralisation du gouvernement dans la ville de Bruxelles accompagne le processus de sédentarisation curiale au début du XVIe siècle, la configuration politique des Pays-Bas semble néanmoins solliciter l’itinérance de la gouvernante-générale : ce conglomérats de petits territoires avides de leurs particularismes et privilèges locaux (Dix-Sept provinces) s’organise en dominium politicum et regale faisant de l’autorité du souverain naturel une réalité constamment négociée par l’élite sociale.
La comptabilité curiale de Marie de Hongrie (états journaliers de l’hôtel et comptes annuels des dépenses) conservée aux Archives départementales du Nord à Lille renseignent sur neuf années complètes les déplacements quotidiens de la reine dans les Pays-Bas habsbourgeois (1532-1540). Cette richesse documentaire n’a pourtant pas encore été pleinement exploitée par les historiens. Suivant l’intérêt tout récent pour l’itinérance des gouvernantes-générales dans les Pays-Bas , notre communication souhaite interroger la nature du pouvoir de Marie de Hongrie au départ de sa dimension spatiale : dans les faits, comment s’exerce au quotidien les prérogatives du régent ? Peut-on discerner des particularités induites par l’agencement spécifique des Pays-Bas et de l’empire universel ? Les exemples bien documentés de dirigeants français pourront servir de base comparative. Il s’agira dans un premier temps d’esquisser les traits généraux de l’itinérance de Marie de Hongrie par une approche combinée (qualitative (motifs sous-jacents du déplacement, nature des lieux visités, etc.) et quantitative (distance, fréquence, durée et vitesse des déplacements, etc.)) appuyée du recours à un logiciel de visualisation spatiale (Nodegoat). Les informations obtenues feront dans un second temps l’objet d’études de cas plus finement illustrées, axées sur nos intérêts de recherche respectifs : la guerre et la santé. Cette communication sera sans doute une opportunité méthodologique pour (re)penser la notion de « mobilité » et évaluer ses potentialités heuristiques à enrichir le champ de l’histoire politico-institutionnelle du gouvernorat-général, précisément dans le système de gouvernance adopté par la famille Habsbourg dans la première moitié du XVIe siècle.
Disciplines :
History
Author, co-author :
VERCAMMEN, Lison ; University of Luxembourg > Faculty of Humanities, Education and Social Sciences (FHSE) > Department of Humanities (DHUM) > History