Les devises des chirographes échevinaux de Tournai et de Douai au XIIIe siècle: formes, usages et fonctions

Longtemps négligés, les chirographes émis par les échevinages des villes des anciens Pays-Bas à partir du début du XIIIe siècle offrent de belles perspectives pour l’étude de la diplomatique urbaine. Ces actes étaient rédigés en plusieurs exemplaires séparés par une devise qui était coupée en son milieu au moment de la validation. Le présent article cherche à cerner, dans une perspective comparatiste, la nature et la fonction de la devise, encore peu étudiée, en s’appuyant sur 394 chirographes de Tournai et sur 1274 de Douai du XIIIe siècle. Dans les deux villes, on utilisait des chirographes superposés avec découpe rectiligne mais alors qu’à Douai la légende, constituée du mot «chirographe», tend à s’homogénéiser au fil du siècle, à Tournai, les mots ou les signes graphiques utilisés sont plus variés. Chaque scribe était libre de la réaliser à sa convenance. La devise n’entrait en fonction qu’au moment de la découpe durant la cérémonie de validation de l’acte en présence des échevins, qui conservaient un exemplaire tandis que l’autres était remise au bénéficiaire. Elle devait théoriquement servir à prouver l’authenticité du document en cas de litige. De fait, les sources évoquent rarement le rapprochement des expéditions et montrent que la devise est un moyen de sécurisation juridique subordonné au témoignage des échevins et que la portion d’acte sanctuarisée par sa conservation dans les archives municipales joue un rôle de «super-original»