Quels seraient les impacts d’une pandémie numérique pour l’armée de Terre (fonctionnement et rôle au sein de la Nation) ?

La pandémie numérique est un sujet qui n’a pas fait l’objet d’une véritable documentation. L’occurrence d’un tel phénomène qui dépasserait une simple panne pour intéresser de vastes zones durant une période importante, est souvent considérée comme faible, au point de la négliger voire de la classer arbitrairement dans la catégorie des fantasmes. Mais comme en toute chose, la capacité à anticiper une crise peut faciliter son traitement et accélérer le retour à la normale.
En effet, un effondrement localisé et durable de l’internet peut se trouver lié à des causes naturelles spécifiques de grande ampleur, accidentelles du fait de la défaillance d’installations techniques, ou intentionnelles du fait d’actes malveillants terroristes ou de guerre. La robus-tesse du réseau de communication maillé que nous connaissons peut-être mise à défaut par des pannes généralisées d’électricité ou la destruction simultanée de composants électro-niques uniformément répartis dont la fragilité ou la vulnérabilité à des actions spécifiques n’avaient pas été détectées.
Les impacts sur la vie de la nation seraient majeurs du fait de la généralisation des applications internet qui pilotent aujourd’hui la presque totalité des réseaux utilisés par les administra-tions, les particuliers ou les industriels. Ainsi, le dysfonctionnement de l’internet aurait un ef-fet domino sur les réseaux de transport d’énergie (électricité, gaz, oléoducs), de transport fer-roviaire et dans une moindre mesure aujourd’hui routière, télécommunications (particuliers, banques…). En conséquence le pays serait frappé d’une certaine paralysie entraînant des dé-sordres importants dictés par les tentatives de survie face aux différents blocages. La situation de 2035 serait encore plus difficile à gérer que celle d’aujourd’hui du fait de la multiplication des objets connectés.
Dans ce cadre, les forces armées et l’armée de Terre en particulier peuvent être réquisitionnées pour intervenir et les missions qui en découlent doivent être imaginées dans le cadre d’une démarche générale d’anticipation qui ne vise pas nécessairement le retour à la normale, mais la stabilisation dans un état acceptable dans une logique de résilience.
Deux types de missions peuvent être envisagés sous forme de réquisition conformément aux conventions existantes, en utilisant les structures de commandement des zones de défense. D’une part des missions de sécurité civiles permettant dans l’urgence de renforcer le service public en apportant le concours d’hommes et de matériels. D’autre part des missions proprement militaires pour protéger les points d’importance vitale dont les systèmes de sécurité seraient devenus inopérants. Enfin, des missions principalement techniques pour rétablir les moyens de communication en utilisant des réseaux militaires pour une grande part indépen-dants de l’internet.
Des enseignements et recommandations viennent conclure la note, en insistant sur l’importance de l’acceptabilité du temps de retour à la normale et notamment du service dégradé qu’il s’agirait de mettre sur pied. Parmi ces enseignements, certains seront dédiés aux évolutions de la réserve pour que celle-ci soit au mieux adaptée à ces missions nouvelles.