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Abstract :
[fr] L’anthropologue Marc Augé a laissé une empreinte si forte dans la manière d’appréhender l’espace en distinguant deux catégories, à savoir le lieu et le non-lieu, que durant les deux dernières décennies, il est devenu presque mécanique d’appeler « non-lieu » tout ce qui relève des espaces créés par la modernité : hypermarchés, bretelles d’autoroute, abords des voies périphériques, parkings, zones industrielles, etc. Il faut certes concéder qu’Augé n’a jamais radicalisé la dichotomie « lieu/non-lieu » qu’il avait lui-même créée. Selon lui, aucune de ces deux catégories n’existe sous une forme pure : « Le lieu et le non-lieu sont des polarités fuyantes : le premier n’est jamais complètement effacé et le second ne s’accomplit jamais totalement. » (Augé 1992, p. 101) C’est, me semble-t-il, une manière d’éluder les problèmes que pose une partition stricte entre ces deux catégories, et surtout une façon d’évincer la présence de l’individu et de ses émotions comme sources d’une appropriation subjective de l’espace.