« La cour d’assises semble être devenue une succursale de l’Académie française ». Figurations de l’éloquence judiciaire dans l’œuvre de Courier et de Béranger
[fr] L’année 1821 voit comparaître devant la Cour d’assises de la Seine Paul-Louis Courier, accusé d’outrage à la morale publique pour son Simple discours (1821) et Pierre-Jean de Béranger, poursuivi pour s’être rendu coupable, dans ses Chansons (1821), d’outrage aux bonnes mœurs, à la morale publique et religieuse et d’offense envers la personne du roi. Ces deux procès demeurés célèbres inspirent à Courier comme à Béranger des écrits tous deux parus en 1821 — le Procès de Paul-Louis Courier et le Procès fait aux chansons de P.-J. de Béranger. Cet article entend examiner à la lumière de ces textes la façon dont Courier et Béranger envisagent et se réapproprient, dans l’espace de textes à penser à la fois comme des arts poétiques et des professions de foi politiques, l’éloquence judiciaire qui se déploie lors de leurs procès respectifs. [en] In 1821 Paul-Louis Courier, accused of outrages to public morality because of his Simple discours (1821) and Pierre-Jean de Béranger, prosecuted for having outraged, with his Chansons (1821), public and religious morality and social mores, and insulted the king, appeared before the Assizes court of the Seine. These two famous trials inspired both Courier and Béranger to write respectively the Procès de Paul-Louis Courier (The Trial of Paul-Louis Courier) and the Procès fait aux chansons de P.-J. de Béranger (The Trial against the Songs of P.-J. de Béranger). This paper aims to study through the lens of these texts the manner in which Courier and Béranger understand and appropriate, within texts that need to be considered as both aesthetic declarations and political professions of faith, the judicial eloquence manifested during their respective trials.
Disciplines :
Littérature
Auteur, co-auteur :
SAINTES, Laetitia ; University of Luxembourg > Faculty of Humanities, Education and Social Sciences (FHSE) > Department of Humanities (DHUM)
Co-auteurs externes :
no
Langue du document :
Anglais
Titre :
« La cour d’assises semble être devenue une succursale de l’Académie française ». Figurations de l’éloquence judiciaire dans l’œuvre de Courier et de Béranger
Paul-Louis Courier, Procès de Paul-Louis Courier, dans Paul-Louis Courier. Une écriture du défi. Tous les pamphlets, Michel Crouzet (éd.), Paris, Kimé, 2007, p. 301.
Troisième et dernier degré de la justice pénale, la cour d'assises juge les crimes et les délits les plus graves.
Pierre-Jean de Béranger [Jean-Jacques Dupin], « Au lecteur impartial », dansOEuvres complètes, Paris, H. Fournier (éd.), 1834, t. III, p. 169.
Jacques Cheyronnaud, « "Ce ne sont que des chansons". Chanson, politique et justice en 1821 », dans La Chanson politique en Europe, Céline Cecchetto et Michel Prat (dir.), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2008, p. 21-30.
Tel que paru dans le Moniteur
Ces écrits devaient résolument renouveler les modalités de l'écriture polémique par la mise en scène que le pamphlétaire y fait de son geste polémique. Pour plus de précisions sur le genre du pamphlet et le rôle majeur de Courier dans l'avènement du pamphlet moderne, voir Laetitia Saintes, Paroles pamphlétaires dans le premier XIXe siècle (1814-1848), Paris, Honoré Champion, 2022.
Paul-Louis Courier, Simple discours, dans Paul-Louis Courier. Une écriture du défi, ouvr. cité, p. 267.
Ibid., p. 272.
Ibid., p. 271.
Ibid., p. 268.
La condamnation du polémiste sera néanmoins réduite en appel, Cauchois-Lemaire ne purgeant finalement que quelques jours de prison. Dupin n'en cite pas moins l'affaire dans sa plaidoirie lors du procès de Béranger.
Jean Touchard, La Gloire de Béranger, Paris, Armand Colin, 1968, p. 206.
Serge Dillaz, Béranger, Paris, Seghers, 1971, p. 39-40.
Le Drapeau blanc, 27 octobre 1821, p. 4.
Jean Touchard, ouvr. cité, p. 391.
Serge Dillaz, ouvr. cité, p. 40.
Pierre Brochon, La Chanson française. Tome I : Béranger et son temps, Paris, Éditions sociales, 1956, p. 35. Pour plus de précisions sur la dimension polémique des chansons de Béranger, voir Laetitia Saintes, Paroles pamphlétaires dans le premier XIXe siècle (1814-1848), ouvr. cité.
Pierre-Jean de Béranger, Ma biographie, Paris, Garnier, 1875, p. 211.
Pierre-Jean de Béranger, lettre à Dupont de l'Eure, 12 octobre 1821, dans Lettres inédites de Béranger à Dupont de l'Eure. Correspondance intime et politique, 1820-1854, Paul Hacquard et Pascal Forthuny (éd.), Paris, Pierre Douville, 1908, p. 34-35.
Pierre Brochon, ouvr. cité, p. 35.
Jean Touchard, ouvr. cité, p. 392.
Serge Dillaz, ouvr. cité, p. 40.
Jean Touchard, ouvr. cité, p. 395. Voir aussi à ce propos Sophie-Anne Leterrier, « Béranger en prison : "Mes fers sont prêts ; la liberté m'inspire ; Je vais chanter son hymne glorieux" », Criminocorpus, Music and Justice, Les Musiciens face à la justice. En ligne : https://journals.openedition.org/criminocorpus/ 2594. Page consultée le 22 mars 2022.
Paul-Louis Courier, lettre CCXIV à Madame Soehnée, dans OEuvres complètes de Paul-Louis Courier, Paris, N.R.F., Maurice Allem (éd.), coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1941, p. 904.
Ibid.
Ibid.
Paul-Louis Courier, lettre CCXV à Madame Courier, dans OEuvres complètes, éd. citée, p. 905.
C'est d'ailleurs au « peintre de Jean de Broë » que Stendhal envoie son Histoire de la peinture en Italie (1817) (Paul-Louis Courier, lettre CCXVIII à Mme Courier, dansOEuvres complètes, éd. citée, p. 906).
Paul-Louis Courier, Procès de Paul-Louis Courier, ouvr. cité, p. 317.
Ibid.
Ibid., p. 290.
Ibid., p. 291. L'expression étant empruntée au Tiers Livre.
Ibid., p. 292.
Ibid., p. 290.
Ibid., p. 293.
Ibid., p. 291.
Ibid., p. 292.
Ibid., p. 293.
Ibid., p. 288.
Ibid., p. 300.
Ibid., p. 302-303.
Ibid., p. 302.
Ibid., p. 287.
Ibid., p. 295.
Ibid., p. 318.
Ibid., p. 294.
Courier citant lui-même dans son Procès, outre Rabelais, Le Misanthrope et les Satires de Boileau, non sans adapter toutefois le texte cité au contexte de son procès.
Ibid., p. 313.
Ibid., p. 311.
Ibid., p. 311.
Ibid., p. 308.
Pierre-Jean de Béranger, Procès fait à M. P.-J. de Béranger, dans OEuvres complètes, éd. citée, t. III, p. 177.
Ibid., p. 178.
Ibid., p. 251.
Ibid.
Ibid., p. 179.
Ibid.
Gazette nationale ou le Moniteur universel, 17 mars 1822, p. 1.
Pierre-Jean de Béranger, Procès, ouvr. cité, p. 180.
Ibid., p. 188.
Ibid., p. 179. Ce vide juridique devait être comblé peu après : « bientôt une loi nouvelle sur la presse nemanqua pas de boucher l'issue par laquelle le plus gros demes crimes [...] avait échappé aux griffes de Marchangy. » (Pierre-Jean de Béranger, Ma biographie, ouvr. cité, p. 216). Il s'agit vraisemblablement de la loi du 25 mars 1822 confiant les procès de presse aux tribunaux correctionnels.
Ibid., p. 178.
Ibid., p. 181.
Ibid., p. 184.
Ibid., p. 179.
Ibid., p. 207.
Ibid., p. 209.
Ibid., p. 216.
Ibid., p. 213
Ibid., p. 166.
Ibid., p. 263.
Ibid., p. 208.
Pierre-Jean de Béranger, Ma biographie, ouvr. cité, p. 215.
Pierre-Jean de Béranger [J.-J. Dupin], « Au lecteur impartial », ouvr. cité, p. 198.
Jacques Cheyronnaud, art. cité, p. 24.
Pierre-Jean de Béranger, Procès, ouvr. cité, p. 299.
Paul-Louis Courier, Procès de Paul-Louis Courier, ouvr. cité, p. 285.
Ibid., p. 326, n. 6.
Pierre-Jean de Béranger, Procès, ouvr. cité, p. 205.
Paul-Louis Courier, Procès de Paul-Louis Courier, ouvr. cité, p. 289.
Désigner la cour d'assises comme une succursale de l'Académie française étant évidemment stratégique de la part de Berville : il s'agit bien de consacrer le statut de Courier, qui comparaît aux assises au même titre que « tout ce qu'il y a de plus honorable dans la littérature française », savoir Fiévée, Jouy, Bergasse, Lacretelle l'aîné, l'abbé de Pradt et Arnault (Procès de Paul-Louis Courier, ouvr. cité, p. 301).